Interview : David, private sales – iFinance : la finance autrement

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Interview : David, private sales – iFinance : la finance autrement

Vendredi 8 avril 2011 5 08 /04 /Avr /2011 09:55

Fidèle à son ambition première qui est de rendre la finance accessible à tous, iFinance se dote d’une nouvelle rubrique : Paroles d’experts. Désormais, les professionnels de la finance et de l’économie se chargeront de présenter les métiers liés à la finance ou encore de débattre sur des sujets d’actualité sous la forme d’interviews.

Economistes, traders, contrôleurs internes ou encore commerciaux, tous apporteront leur propre lumière. Pragmatisme et authenticité, tels sont les mots d’ordre de Paroles d’experts. Si vous aussi vous souhaitez y participer, n’hésitez pas à me contacter.

Bonjour David et merci d’avoir accepté cette interview. Pourriez-vous tout d’abord vous présenter à nos lecteurs ?

David, 28 ans, private sales, broker forex, actions, CFD, futures, ETF chez Saxo Bank depuis 2010. Je suis passionné de sport (football, tennis, squash), de cuisine et de poker.

Quels ont été vos parcours étudiant et professionnel avant d’intégrer Saxo Bank ?

J’ai obtenu un bac ES spécialisé en mathématiques, puis prépa HEC et EDHEC à Lille spécialisation en stratégie financière. J’ai plutôt un profil de consultant en stratégie car j’ai travaillé en audit financier et en conseil en restructuration. J’ai développé une spécialisation banque et j’ai saisie une opportunité de passer en front office.

Quelles sont vos missions au quotidien ? Une journée type en tant que private sales ?

Mes missions au quotidien sont très variées et mon travail est à mi-chemin entre le brokerage et la banque privée :

  • Rédaction de la morning newsletter client (actions, forex, matières premières) sur les tendances de marché, événements de la nuit et annonces macroéconomiques à suivre dans la journée
  • Répondre aux questions des clients sur toutes les spécificités des produits et marchés proposés (forex, actions, cfd, futures, etf, obligations)
  • Exécuter les ordres des clients
  • Former mes clients à l’analyse technique
  • Ouvrir des comptes titres, générer du BME et de l’AUM (des dépôts et de la trésorerie)
  • Animer des formations en ligne

Un métier très diversifié donc. Votre clientèle étant exclusivement particulière, quelles sont les principales différences avec la clientèle institutionnelle ?

Ma clientèle est la fois particulière et professionnelle (entreprise). Le profil est vraiment variable : le trader actif en intraday sur le forex, l’exploitant agricole qui couvre sa production sur les marchés à termes, le bon père de famille qui achète des actions avec une stratégie au long cours, le chef d’entreprise qui couvre sa société contre un risque de change…

La différence avec la clientèle institutionnelle est que mes clients traitent en compte propre sur les marchés. Les « instit' » trouvent des partenariats avec des conseillers en gestion de patrimoine, des gérants de fonds, des courtiers et des banques afin que leurs clients utilisent nos services.

Question « basique » : quelles sont les qualités requises pour exercer le métier de sales ?

Les qualités requises sont en premier lieu une excellente connaissance des marchés financiers et des produits que vous vendez. Certains clients sont des experts, il faut donc toujours garder de l’humilité dans son discours. Sang-froid, sens du service et de la relation commerciale sont essentiels également. En termes de formation, bien que la majorité des emplois en front office soient trustés par des personnes ayant une formation liée à la finance de marché, tous commencent par des stages et apprennent le métier sur le tas.

Ainsi, je conseille à tous ceux qui souhaitent intégrer des postes en front office d’essayer en premier lieu de mettre un pied dans la salle. La suite viendra naturellement si vous êtes doué. Par contre, je ne crois pas beaucoup à la stratégie de « remontée de filière » (passer par le back ou le middle office pour avoir ensuite un poste en front office).

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Et niveau avantages / inconvénients de votre métier ?

Le salaire oscille pour un broker junior entre 32K€ et 45K€ selon la performance. L’avantage est d’avoir des horaires fixes (8h30-19h), d’être sur un poste orienté résultat avec les implications sur le revenu qui vont avec, être au cœur de l’actualité et des marchés financiers, commencer à se constituer un carnet d’adresse…

Concernant les évolutions de carrière de votre métier, quelles sont-elles ?

Les évolutions possibles sont diverses : team leader de sales trading, banquier privé, asset manager pour un fond  d’investissement ou encore d’autres postes plus transversaux, en fonction du type d’établissement pour lequel vous travaillez. Plus la banque est grande et exposée internationalement, plus les possibilités sont variées.

Un métier qui se veut très ouvert. D’ailleurs, comment évolue la profession ces dernières années et vers quoi se dirige-t-elle selon vous ?

On se dirige inexorablement vers la disparation des courtiers « à la voix » en faveur des courtiers en ligne. Les clients veulent garder la main sur leur investissement et les évolutions technologiques (Adsl, Smartphone) leur permettent de pouvoir à tout moment passer des trades par eux-mêmes. Les sales vont se reconvertir en formateur (transmettre la connaissance des marchés et la technologie qui y donne accès) et en banquier privé.

De nombreuses évolutions à venir en somme. Quelles sont vos relations avec les autres métiers de votre société ?

Je suis en lien permanent avec le service d’exécution d’ordres et le back office. Les relations peuvent être parfois « agitées » entre le back office et le front office car les objectifs de conformité des uns et les objectifs commerciaux des autres sont parfois incompatibles. Il faut trouver le « fine tuning » car un service de qualité pour le client implique une adéquation de tous les métiers de la salle de marché.

Quels sont vos conseils à celles et ceux qui souhaitent s’orienter vers ce métier ?

Tout d’abord, profiter des stages pour se constituer de véritables expériences. Les recruteurs savent qu’à l’heure actuelle, les postes de stagiaires sont des postes de juniors à part entière en termes de responsabilité. Ensuite, il ne faut pas rester fixé sur le prestige du nom d’une banque mais sur le poste en lui-même. En effet, il vaut mieux faire un métier qui vous plait dans une salle moins prestigieuse plutôt que de faire du middle office dans une salle qui vous fait rêver. De plus, la première option vous permettra très certainement au bout de 2-3 ans de rejoindre la salle de vos rêves… Enfin, profitez de toutes les opportunités que vous avez pour vous créer une crédibilité lors des entretiens d’embauche : participation à des jeux de trading, club d’investissement, association de trading…

Enfin une anecdote, une réussite ou un retour incongru à nous faire partager ?

Lors de mon entretien d’embauche au poste de sales, le team lead de l’équipe private sales m’a posé la question suivante : « Ok c’est très bien tout ça, tu me dis que tu es motivé mais où est ce que tu te vois dans 2/3 ans ? » Ma réponse ? « A votre place !« . Le manager s’est levé et m’a serré la main. Je pensais que c’était la fin de mon aventure en front office. Deux jours plus tard, j’ai reçu un appel du même manager et il m’a proposé un poste. A méditer…

Un grand merci à vous pour toutes vos réponses.