Un agent de la DGSI condamné pour avoir détourné des fonds pour miner du Bitcoin

Un agent de la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI) a été condamné à six mois de prison ferme pour avoir détourné des fonds publics destinés à ses sources afin de miner du Bitcoin.

L’affaire, révélée par Médiapart et BFM TV, est rocambolesque. Le brigadier, âgé aujourd’hui de 52 ans, aurait détourné au minimum 92 000 euros sur une période de sept ans, entre 2009 et 2016. L’argent était initialement prévu pour rémunérer ses indicateurs, des sources humaines utilisées dans le cadre de son travail au sein du service de renseignement.

Un « spécialiste de la cryptomonnaie »

L’agent a mis en place un stratagème élaboré pour détourner les fonds. Il a ouvert un compte bancaire sous un faux nom et utilisé de faux papiers d’identité. Il a ensuite utilisé une partie de l’argent pour acheter du matériel de minage de Bitcoin, une cryptomonnaie qui était encore relativement peu connue à l’époque. Il aurait également utilisé des ordinateurs de la DGSI pour miner du Bitcoin, ce qui constitue une utilisation abusive des ressources publiques.

L’homme était considéré comme un « spécialiste de la cryptomonnaie ». Au total, il aurait généré plus d’un million d’euros grâce à ses activités de minage de Bitcoin. Il aurait également procédé à des activités de trading de cryptomonnaies.

Un cas embarrassant pour la DGSI

C’est la DGSI elle-même qui a détecté la fraude, par des contrôles internes. L’agent a été suspendu de ses fonctions et condamné en novembre 2022 à trois ans de prison, dont six mois ferme, ainsi qu’à 1 000 euros d’amende. Il s’est également vu confisquer une voiture et a été interdit d’exercer le métier de policier.

L’affaire est particulièrement embarrassante pour la DGSI, ce qui explique pourquoi elle n’a pas été communiquée. Elle soulève des questions sur la sécurité des services de renseignement et sur les risques liés à l’utilisation des cryptomonnaies.

Des conséquences graves pour ses collègues

Ces détournements de fonds ont aussi eu de graves conséquences pour une demi-douzaine d’agents ayant travaillé à ses côtés: certains de ses collègues ont été placés en garde à vue mais n’ont pas été poursuivis dans cette affaire. Pour autant, ils se sont vu retirer leur habilitation « secret-défense » puis se sont fait pousser vers la sortie manu-militari…

L’affaire met en lumière les failles du système de sécurité de la DGSI. L’agent a pu détourner des fonds publics pendant plusieurs années sans être détecté. Il a également pu utiliser des ressources de la DGSI pour ses activités de minage de Bitcoin.

La DGSI a annoncé qu’elle allait renforcer ses mesures de sécurité pour prévenir de tels agissements à l’avenir. Cela inclut des contrôles plus stricts sur les finances des agents et une meilleure formation sur les risques liés aux cryptomonnaies.

L’affaire du brigadier de la DGSI est un cas unique et complexe. Elle met en lumière les dangers de la corruption et les risques liés à l’utilisation des cryptomonnaies. La DGSI devra tirer des leçons de cette affaire pour renforcer ses mesures de sécurité et prévenir de tels agissements à l’avenir.

Sources

• Médiapart
• BFM TV
• Stéphane Sellami, « Un agent de la DGSI condamné pour avoir détourné l’argent destiné à ses indicateurs », BFM TV, 6 février 2024